mis à jour le 31 janvier 2018
"Ce qui est dangereux, ce n'est pas de faire du sport ou de marcher dans la rue. C'est de répéter, encore et encore, aux femmes, que leur place n'est pas dehors à la tombée de la nuit, que leur place n'est pas dehors seule, que leur place n'est pas dehors sans bombe lacrymogène. Le danger est de ne pas voir la violence masculine. De ne voir que des comportements féminins de mise en danger.
Ce qui est dangereux, c'est de préférer demander à une femme de ne pas sortir de chez elle plutôt qu'à un homme de ne pas agresser ou tuer une femme. De le répéter à longueur d'articles anxiogènes et culpabilisants, par facilité, sans prendre une minute pour réfléchir à l'impact ou aux fondements de ces "127 conseils pour les femmes qui s'obstinent à risquer leur vie à grandes enjambées, ces inconscientes, si elles insistent". Donc non, il n'y a pas de "joggeuse tuée", il y a un féminicide."
Courir or not courir ?
"Pour moi, en ce moment, c’est plutôt écrire à défaut de courir. Ça tombe bien, j’arrive à faire les deux et ça m’évite de mourir quand je ne peux plus courir, puisque, selon un célèbre champion de trail, c’est courir ou mourir. Les deux, écrire comme courir, apportent la même force de liberté qui me séduit.
Il me semble qu’on a toujours couru. Même les animaux courent, pour une raison vitale qui ne devait pas nous être étrangère au temps des lions des cavernes. On a couru pour vivre, tout simplement. On peut encore apercevoir, sur un plateau aérien du Kenya ou sur les contreforts de l’Atlas, des hommes aux foulées de vent qui se déplacent avec la grâce de voiliers effleurant les flots, juste pour mener les chèvres ou chercher de l’eau.
Quant au sapiens des pays riches, qui se targue d’avoir tout vu tout fait et de tout dominer, il poursuit une course folle et absurde contre le temps, après les filles, un taxi, derrière un caddie ou après une promotion, pour être devant tout le monde, essoufflé, battant l’air avec ses bras comme un albatros asthmatique-pardon, avec un seul bras, l’autre tenant le sacro-saint téléphone portable" […]
Lisel Dissler
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